Mariette Sanspoux

(1920 - 2008)

Avant de commencer la lecture du récit de Mariette Sanspoux en cliquant sur le fichier PDF ci-dessous, je vous suggère de lire le préambule qui vous aidera à comprendre pourquoi ce récit est important et pourquoi il fut à la base de mes recherches familiales.

Préambule

par Philippe Sanspoux

Le début et la réussite de mes recherches généalogiques sont intimement liés à Mariette Sanspoux. Mariette est née le 15 août 192O à Baulers, un village situé à côté de Nivelles en Belgique. J'aurais pu ne jamais la retrouver. La hasard - car il s'agit bien du hasard, mais existe-t-il vraiment ou est-ce le chemin que je devais emprunter ? - a voulu que ce sera la première personne de ma famille que je rencontrerai et qui enchaînera la suite de mes recherches de famille.

Dans les années 1970, alors que j'étais adolescent, je me posais déjà des questions  de filiation familiale générales qui allaient, quelque trente années plus tard, trouver des réponses précises et détaillées. Je voulais savoir combien de frères et soeurs avait mon grand-père paternel, Octave Sanspoux, et qui étaient leurs descendants. J'avais interrogé ma grand-mère, brièvement, et j'avais noté sur une feuille de brouillon tous les renseignements qu'elles avaient pu me transmettre. Cette feuille chiffonnée, je l'avais toujours conservée et je l'ai retrouvée à la fin des années 1990 alors que j'avais décidé enfin d'entamer concrètement mes recherches familiales. Bien que tous les renseignements que m'avait donnés ma grand-mère n'étaient pas exacts, ceux-ci allaient s'avérer très utiles pour démarrer. Elle m'avait bien stipulé que j'avais une cousine ayant épousé un Hollandais (elle m'avait aussi précisé que j'avais une cousine à Hollywood, mais cela est une autre histoire). Je pensais ne jamais la retrouver. Je devais avoir son nom de femme mariée. Je ne l'avais pas. Dans quelle ville habitait-elle ? Combien d'enfants avaient-elle eus ? Était-elle encore en vie ?  

Le destin nous réserve parfois des surprises ! C'est la première cousine que j'allais retrouver ! Les renseignements que j'apprendrais de sa bouche te de sa mais allaient s'avérer capital par la suite et m'entraîneraient à m'envoler, entre autres, vers Los Angelès pour rencontrer ma cousine de Hollywood et ses descendants.

Un dimanche matin, en février 1997, je prends la décision ferme et définitive d'entamer enfin mes recherches familiales. Le plan initial était dans ma mémoire depuis belle lurette : retrouver les descendants des frères et soeurs de mon grand-père, Octave Sanspoux ! Combien en avait-il et comment débuter ? Il habitait et avait passé toute son enfance à Baulers. Je savais que ses parents étaient enterrés dans le cimetière de Baulers situé autour de l'église. Je décide, avec mon fils Cédric, d'y aller et d'en faire le tour pour voir si d'autres tombes de SANSPOUX existeraient. Je parcours toutes les tombes et les regarde attentivement. Je suis déçu ! Je n'en découvre aucune, à part celle des mes arrière-grands-parents, Firmin Sanspoux et Odile Lemoine. Je quitte le cimetière en descendant les escaliers de l'église. J'aperçois un petit homme montant les marches en sens inverse, l'air austère, me toisant du regard. Il m'interpelle de sa voix sévère :

- Qu'est-ce que vous venez faire ici ?  

De prime abord, je pense que je n'avais pas le droit de pénétrer dans ce vieux cimetière. Cependant, je ne suis pas décontenancé et je lui réponds tout simplement que je fais des recherches généalogiques, que j'ai recherché des noms sur des tombes et que je n'ai malheureusement rien trouvé. Toujours de son air sévère, il me demande comment je m'appelle. Je lui réponds, évidemment, "SANSPOUX". Il me rétorque :

- Eh bien, vous avez mal cherché !

J'en reste sans voix. Qui est cet inconnu que je rencontre par hasard et qui a l'air de connaître parfaitement ma famille et le cimetière de Baulers ?

- Venez, je vais vous montrer !

Je le suis. Je me retrouve devant la tombe familiale d'Oswald Sanspoux, un des frères d'Octave. Il avait raison ! Je ne l'avais pas vue. Il m'invite à le suivre chez lui, précisant qu'il voulait me montrer quelque chose concernant ma famille. Il habitait dans une petite maison sur la place de Baulers. Il avait vue sur l'église et le cimetière. Plus tard, j'ai appris, en fait, qu'il m'avait aperçu dans le cimetière et qu'il était sorti exprès pour me demander ce que je recherchais.

J'entre chez lui. Deux autres hommes y étaient assis dont l'un d'un certain âge. Il me le désigne du doigt et me dit :

- Je vous présente votre cousin, Jean !

Décidément, je vais de surprise en surprise ! Ce Jean était effectivement un descendant d'une tante de mon grand-père. Mais comment pouvait-il savoir tout cela ? Il part dans une autre pièce et en revient avec une photo représentant les noces d'or à Baulers en 19OO sur laquelle se trouve Euphémie Sanspoux qui fête ses 50 ans de mariage avec son époux Clément Plasman. J'ai l'impression que je suis dans un autre monde. Mes recherches commencent vraiment de façon magistrale. Mais le meilleur allait arriver ! Voilà qu'il me soumet un tapuscrit écrit par Mariette Sanspoux de Hollande racontant toute sa vie ! Sur la première page intérieure, que vois-je ? L'adresse, le nom de famille et le numéro de téléphone de Mariette Sanspoux en Hollande ! J'en suis baba ! Comment ce monsieur rencontré plus ou moins par hasard possédait-il de fascicule écrit en 1994 ?

Mariette, accompagnée de son mari, étaient revenue sur les lieux de son enfance d'avant-guerre, avait rencontré ce monsieur avec qui elle avait sympathisé. Rentrée chez elle, elle lui avait envoyé son récit autobiographique que je tenais en main. Tremblant, je me permets de demander à Jean Dermonne - tel est le nom de ce monsieur que la providence a mis sur ma route - pour le parcourir. Sans aucune hésitation, il me lance : " Prenez-le chez vous et lisez-le à votre aise ! " Cette confiance me toucha profondément. Je rentrai chez moi, me dépêcha de manger, et entamai la lecture de la vie de Mariette Sanspoux, que je dévorai d'une seule traite !

Le lendemain, je lui écris pour lui proposer une rencontre. Très vite, je reçois un coup de téléphone. Je suis absent. Mariette laisse un message sur mon répondeur que l'on peut écouter en cliquant sur le fichier suivant :

Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Je suis allé chez elle, en Hollande à Eindhoven et Mariette et Ben, son époux, sont venus passer deux journées à Nivelles. Grâce à ces rencontres, mes recherches familiales ont progressé très rapidement. J'ai pu établir, de fil en aiguille, un tableau complet reprenant l'ensemble des descendants des frères et soeurs de mon grand-père, Octave Sanspoux. J'ai pu rencontrer plusieurs cousins de chacune des branches. Ensuite, j'ai recherché les frères et soeurs des parents d'Octave Sanspoux et leurs descendants. Je les ai rencontrés également et je fus, à chaque fois, extrêmement bien accueilli, surtout chez les cousins les plus âgés qui étaient au courant du lien qui les unissait à ma famille proche. Ils m'ont tous transmis des photos, des documents familiaux qui m'ont aidés à comprendre d'où je venais. Mariette Sanspoux fut une étape initiale importante. Qu'elle en soit vivement remerciée. Elle s'en est allée le 23 mars 2008. Elle restera à jamais présente dans ma mémoire et mes souvenirs.