La famille Ruchard-Décamps

 

Le nom RUCHARD provient certainement de RUYSCHAERT. Les Ruchard proviennent probablement de Flandre et sont arrivés dans le Borinage pour travailler dans les mines ou comme marchand de charbon, du côté de Wasmuël, Hornu...

 

Les DÉCAMPS sont originaires des agglomérations de Maubeuge, en France (Avesnelle, Felleries, Rousies) mais proviennent malgré tout de Belgique (Cours-sur-Heure) lorsque l'on remonte le temps. Beaucoup de mariages interfrontaliers. 

 

Les descendants de Clovis Ruchard
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Denise Ruchard et son demi-frère, Fernand Ruchard

Enquête sur un secret de famille

Lorsque l’on décide d’entamer des recherches généalogiques et de découvrir ses racines, on se demande toujours par où commencer. À la lecture de livres traitant de généalogie, on découvre qu’il existe souvent dans les familles, des secrets qui s’arrêtent et se perdent dans le temps lorsque les générations disparaissent. Je me suis toujours dit que ce n’était certainement pas dans ma famille que j’allais en trouver un. L’avenir allait le démentir des années plus tard.

 

Dans un premier temps, le plus simple est d’interroger les personnes de la famille encore en vie et, en particulier, les plus âgés. C’est ce que j’ai fait. Mon but n’est pas d’entrer dans les détails de toutes mes recherches mais d’expliquer la façon dont j’ai découvert un secret de famille et pourquoi il m’a captivé au point d’essayer de le comprendre et de l'approfondir.

 

La personne centrale qui nous occupe est ma grand-mère paternelle, Denise Ruchard, épouse Octave Sanspoux. C’était ma marraine. Je l’ai très bien connue. Elle est décédée le 20 septembre 1985 à Bruxelles à l’hôpital Saint-Jean. Son agonie et ses souffrances ont duré relativement longtemps. J’avais trente ans. Cela signifie que j’ai beaucoup de souvenirs, que je m’en souviens très bien. Je la voyais souvent depuis ma prime jeunesse. Alors que j’étais encore adolescent, je m’intéressais déjà – de loin – à la famille et à ses racines. Elle avait un frère et une sœur. Son frère s’appelait René Decamps et sa sœur Nelly Ruchard.

 

Curieusement, personne dans la famille ne s’interrogeait sur le fait que son frère aîné ne portât pas le même nom que ses sœurs. C’était devenu normal, probablement, et personne ne se posait de questions. J’ai bien connu René et sa 2e épouse qui était quasiment sourde. Ils avaient eu une fille que je n’ai jamais vue. Elle était prénommée Nelly mais se faisait appeler Nathalie, si je me souviens bien. Elle était journaliste de mode et travaillait pour plusieurs magazines du genre « Femmes d’aujourd’hui ». Elle avait eu un fils avec un jeune étudiant. Nous l'appelions le " petit Michel ". Elle s’est mariée ensuite avec un danseur de la troupe de Béjart, puis avec le journaliste Francis Buytaers avec lequel elle a eu des enfants.

 

Vers l’âge de 15 ou 20 ans, vers les années 1975, j’ai demandé à ma grand-mère, Denise Ruchard, pourquoi son frère aîné ne portait pas le même nom qu’elle. Elle m’avait répondu simplement que son frère René était né hors mariage et qu’il avait pris dès lors le nom de sa mère. Il n’a pas été légitimé au mariage de ses parents. Et lorsque je posai la question : « Est-ce vraiment le même père que Denise et Nelly », ma grand-mère me répondit par l’affirmative. Cette réponse me convint parfaitement et nous ne sommes plus jamais revenus sur cette question. J’ai toujours gardé précieusement tous les documents photographiques familiaux qu’elle m’avait cédés dans ces années-là. Je les ai triés, classés inlassablement. Certains d’entre eux étaient assez anciens. Ils dataient de sa jeunesse. D’autres avaient appartenu à ses parents. Je regrette aujourd’hui de ne pas lui avoir posé plus de questions mais j’ai malgré tout réussi à décoder la plupart des photos avec l’amertume de ne pas lui en avoir demandé l’historique familial.

 

Des années plus tard, je découvre ce site fabuleux qu’est « Généanet » sur lequel on peut trouver énormément de renseignements généalogiques en effectuant un minimum de recherches en ayant cependant une bonne base de départ. Cette base, je la possédais, ayant effectué des recherches en 1998, mais plutôt du côté des Sanspoux. J’avais cependant gardé en tête et sur papier quelques renseignements familiaux importants qui m’avaient été communiqués par ma grand-mère des années auparavant. Je savais que le père de ma grand-mère s’appelait Clovis Ruchard, qu’il était né à Wasmuel, près de Mons, à la frontière française, et qu’il avait épousé Marguerite Decamps, mon arrière-grand-mère, qui était française, originaire de Rousies près de Maubeuge. Je l’ai bien connue et m’en souviens encore. Elle est décédée en 1961 à Bruxelles, mais est enterrée à Nivelles, à proximité de la tombe de mon grand-père, Octave Sanspoux.

 

Je ne connaissais pas grand-chose du père de ma grand-mère, Clovis Ruchard, sinon qu’il avait été déporté en 1914-1918 (deux photos le représentent dans un camp allemand), qu’il était menuisier-modeleur à Nivelles à la Villa des Fleurs, rue Lagasse (photo de 1926 à l’appui), qu’il est décédé vers 1944 et est enterré à Uccle. J’avais toute une série de photos de lui et de son épouse, à tous les âges, à Rousies et à Nivelles. Deux photos le représentent dans un atelier de modelage à Bruxelles en 1907. Il avait alors 31 ans. Souvent, quelques questions furtives me traversaient l’esprit. Quel a été son parcours ? Comment, étant né à Wasmuel, a-t-il abouti à Nivelles après être passé par Bruxelles ? Comment a-t-il connu Marguerite Decamps, Française de Rousies ?  

 

J’allais aller de découverte en découverte, de surprise en surprise.

 

Je découvre, sur Généanet, qu’un dénommé Clovis Ruchard, se marie le 12 février 1898 à Wasmuel avec une certaine Alia Walemme de Ferrière-la-Grande, en France, près de Maubeuge. Curieux ! Dans un premier temps, je me dis, bien sûr, que ce n’est pas mon Clovis, puisqu’il avait épousé Marguerite Decamps, mon arrière-grand-mère. Ce devait donc être un homonyme. C’était malgré tout une fameuse coïncidence étant donné que Clovis n’est pas un prénom très courant, même à cette époque. Il y aurait donc eu deux Clovis Ruchard à Wasmuel ! Je poursuis mes recherches et ne trouve pas trace de mon Clovis et de son épouse Marguerite. Je m’en tiens là et je publie mon arbre sur le site.

 

Quelques années plus tard, en novembre 2008, je reçois un courriel d’une dénommée Ginette Ruchard en provenance d’une adresse e-mail française. Elle me demande si Denise avait une sœur. Je lui réponds par l’affirmative en lui donnant quelques renseignements supplémentaires sans entrer dans les détails. Après un mois, je n’avais toujours pas reçu d'autres messages de sa part. Sa question m’avait intrigué et j’aurais voulu savoir pourquoi elle me l’avait posée. Autre chose m’intriguait : son nom. Elle s’appelait Ruchard qui n’est pas un nom très courant. Elle ne devait pas être apparentée avec moi, étant donné que Clovis avait eu un fils qui s’appelait Decamps, du nom de sa mère, et deux filles. Le nom de Ruchard disparaissait donc à tout jamais. Je voulais en avoir le cœur net. Le 24 décembre 2008, je lui renvoyai un courriel en lui demandant si elle avait bien reçu ma réponse. Le lendemain, Ginette Ruchard m’annonce brièvement, sans autres détails, que son « mari serait l’arrière-petit-fils de Clovis Ruchard ».

 

Ce courriel m’amena à m’interroger et à réfléchir plus longuement. Ginette Ruchard porte donc le même nom que son mari ! Seraient-ils cousins ? J’appris bien plus tard qu’en réalité, elle ne s’appelait pas Ruchard. J’avais oublié que les Françaises ont pour habitude de prendre le nom de leur époux au mariage, contrairement à la coutume en Belgique qui veut qu’administrativement, les épouses gardent leur nom de jeune fille. Ginette Ruchard devait se tromper en supposant (elle m’écrivait au conditionnel) que son mari était l’arrière-petit-fils de Clovis Ruchard. De son homonyme qui s’était marié à Wasmuel avec Alia Walemme, pensais-je, mais certainement pas avec celui qui s’était marié avec Marguerite Decamps. C’était impossible ! À moins qu’il ne se soit marié une première fois avec Alia Walemme. Toutefois, cette solution me paraissait inconcevable. Jamais on n’en avait parlé dans la famille. Il aurait fallu qu’il eût un garçon avec Alia, et qu’il ait eu lui-même un garçon. Un fameux concours de circonstance. De multiples questions me vinrent à nouveau à l’esprit. Et si c’était vrai ? Alia serait-elle morte en couche, ce qui était plausible à cette époque. Son fils aurait survécu. Mais alors, pourquoi ma grand-mère, sa demi-sœur, n’en aurait-elle jamais parlé ? Où ce fils, s’il a existé, a-t-il vécu et par qui a-t-il été éduqué ? Clovis aurait-il abandonné ce premier fils ? Ne s’en serait-il jamais occupé ? Et si Alia et Clovis avait divorcé ? Peu probable à cette époque.

 

Je ne croyais donc pas que son mari fût l’arrière-petit-fils de Clovis Ruchard. Voilà ce que je lui répondis :

 

D'après les renseignements que je possède, je ne pense pas que Jean-Pierre, votre époux, soit l'arrière-petit-fils de Clovis. En tout cas, pas de celui dont nous parlons. À moins que le père de ce Clovis s'appelait aussi Clovis, ce que j'ignore.

 

Clovis Ruchard avait 3 enfants : René, Denise (ma grand-mère), et Nelly. René, l'aîné, ne s'appelait pas Ruchard mais Decamps du nom de sa maman. Clovis est bien son père mais n'était pas marié au moment de sa naissance, raison pour laquelle il portait le nom de sa mère. Clovis est né à Wasmuel en Belgique si mes souvenirs sont bons. Il a épousé Marguerite Decamps qui était française. J'ignore s'il avait des frères et sœurs. Je n'ai jamais fait de recherches de ce côté-là.

 

Si vous avez d'autres renseignements, n'hésitez pas à me les communiquer.

 

Cordiales salutations

 

Le 25 décembre, Jean-Pierre Ruchard me répond :

 

Clovis, mon arrière grand-père, est né à Wasmuël en 1876, il est le fils de Xavier né à Hornu en 1852 et d'Amandine Vilain née à Wasmuël en 1857. Xavier était Houilleur et Amandine Cabaretière.

 

Bien cordialement,

 

Jean-Pierre RUCHARD

 

La réponse est claire ! D’après ses dires, nous aurions le même arrière-grand-père. Surprenant ! Je n’y comprenais plus rien. Les questions se bousculaient dans mon cerveau. Je lui écrivis une nouvelle fois pour avoir plus de renseignements, ses réponses étant toujours très succinctes.

 

Effectivement, il s'agit bien du même Clovis qui était aussi mon arrière-grand-père. Je viens à l'instant d'apprendre quelque chose que je ne savais pas. Clovis s'est marié une première fois le 12 février 1898 avec Alia Wallemme à Wasmuël. Est-ce de ce mariage-là que vous descendez ?

 

Il s'est marié une seconde fois avec Marguerite Decamps. Il a eu un premier enfant, René, qui a pris le nom de sa mère. Il doit être né vers 1904. Ensuite, il a eu deux filles : Denise et Nelly. Denise est ma grand-mère.

 

Si vous descendez de Clovis Ruchard, cela signifierait qu'il aurait eu des enfants avec Alia Wallemme dont au moins un garçon puisque vous vous appelez Ruchard. Cela voudrait dire aussi que ma grand-mère aurait eu au moins un demi-frère. Personne n'est au courant dans la famille. Je n'en ai en tout cas jamais entendu parler. C'est passionnant. Si cela est vrai, ma grand-mère était-elle au courant ? Clovis en avait-il parlé à  Marguerite Decamps, sa 2e épouse ?

 

Pour éclaircir le mystère, il serait intéressant de connaître votre filiation. Votre grand-père était-il bien le fils de Clovis et Alia Wallemme ? Avait-il des frères et sœurs ? Clovis était-il divorcé d'Alia lorsqu'il a épousé Marguerite Decamps ou était-il veuf ? Avez-vous fait des recherches ? Avez-vous des actes de mariage ou de naissance ?

 

 

Là, sa réponse fut catégorique :

 

Denise avait bien évidemment un demi-frère issu d'une première union de Clovis et d'Alia Wallemme. De cette union est né Fernand Ruchard, fils unique né en 1898 à Rousies (Nord).

Mon grand-père Fernand a eu deux fils, Maurice né en 1924 (mon père) et Yves né en 1930.

D'après mes renseignements, Clovis, à la naissance de Fernand, était modeleur peut-être dans un atelier de forgerie de Rousies.

Clovis est-il inhumé au cimetière de Nivelles ?

Pouvez-vous me communiquer la date de son décès.

 

Tout commençait à s’éclairer pour moi. Ma grand-mère avait bien un demi-frère et n’en avait jamais parlé ! Les questions que je me posais étaient de plus en plus nombreuses. Clovis avait-il abandonné son fils ? S’en était-il occupé ? Est-ce que les descendants de son fils Fernand étaient au courant de cette histoire ? Ma grand-mère avait-elle côtoyé son demi-frère à Rousies ?

 

Il fallait que je rencontre Jean-Pierre Ruchard, le petit-fils de Fernand. Mais il était assez bref dans ses courriels et ne semblait pas, à cet instant, vouloir accepter une rencontre. Peut-être que l’abandon de Fernand, par Clovis, était toujours présent dans les mémoires de la famille. Possible. Je n’insistai donc pas et décidai d’approfondir mes recherches en interrogeant ma mère. Malheureusement, elle ne put m’en dire plus. Ma grand-mère n’avait donc jamais transmis quoi que ce soit à personne et, si elle était au courant, c’est un secret de famille qui s’était arrêté net à sa génération. Les seuls qui auraient pu m’en parler plus en détails n’étaient plus de ce monde. Nelly, Denise et René, les trois enfants de Clovis, étaient décédés en emportant ce secret pour l’éternité. Ma mère et moi furent surpris de l’apprendre. Sans ce message arrivé par hasard dans ma boîte, de la part de Jean-Pierre Ruchard, jamais, probablement, je n’aurais connu l’existence de ce demi-frère.

 

Je voulais malgré tout en savoir un peu plus. Je comprenais maintenant pourquoi René, le frère de Denise Ruchard, ne portait pas le même nom que sa sœur. Son père devait être encore marié avec Alia Walemme lorsqu’il est né. Mais pourquoi ma grand-mère était-elle certaine que son frère René était bien le fils de Clovis ? Elle était catégorique. Je ne pouvais pas en rester là. Il fallait que je parte à la recherche de Jacqueline Decamps, la fille de René, que j’avais bien connue lorsqu’elle habitait à Nivelles. Elle devait avoir un certain âge si elle était toujours en vie. Elle pourrait peut-être avoir entendu parler de ce demi-frère par son père. Je ne me faisais pas trop d’illusion car j’avais entendu dire qu’elle ne s’intéressait pas trop à la famille et que les relations avec son père furent très épisodiques. Je retrouvai la trace de Jacqueline dans un home à Bruxelles. Comme je m’y attendais, elle n’était pas au courant de l’existence du demi-frère de son père et ne paru pas s’y intéresser. Elle ne savait pas non plus me donner la date de naissance de son père ni le lieu de naissance, ce qui m’aurait aidé à poursuivre mon enquête. Quand, tout à coup, la mémoire lui revint ! « Il est né à Court-Saint-Etienne », me lança-t-elle. Bizarre ! Elle devait se tromper. Pourquoi serait-il né à Court-Saint-Etienne, à 10 km de Nivelles ? Avait-il envoyé Marguerite chez l’un de ses amis en Belgique pour accoucher, peur des ragots étant donné qu’il était toujours marié, probablement ? Possible.

 

Rentré chez moi, je me souvins que je possédais des registres des élections de la population nivelloise. Je les consultai et je dus reconnaître que Jacqueline, avait raison. Son père était bien né à Court-Saint-Etienne. J’avais maintenant sa date de naissance complète. Il était né en 1903, soit 5 ans après la naissance de Fernand, le fils que Clovis a eu avec Alia Walemme à Rousies. Marguerite n’avait pas 18 ans à la naissance de René. Clovis en avait 26. Je demandai une copie de son acte de naissance à ladite commune.

 

Je fis une découverte. Mon enquête commença à prendre forme. Clovis était bien le père de l’enfant. Ma grand-mère avait raison. Il a déclaré lui-même l’enfant à la commune de Court-Saint-Etienne. Il y était domicilié au hameau de Francquegnies. Curieusement, il ne l’a pas déclaré étant de lui. Cela s’explique probablement par le fait qu’il n’était pas divorcé d’Alia Walemme. Son fils a donc, tout naturellement pris le nom de Décamps (avec un accent sur le e).

 

Quand Clovis s’était-il marié avec Marguerite ? Quand a-t-il été divorcé d’Alia Walemme ?

 

La prochaine étape fut la demande de l’acte de naissance de Denise Ruchard, ma grand-mère, sœur de René. J’y apprendrais peut-être quelque chose de plus. Effectivement ! Une surprise m’attendait à la lecture de ce dernier, transmis par la commune de Nivelles. J’appris tout d’abord que Denise était née à Nivelles alors que ses parents n’étaient pas encore mariés. Je l’ignorais totalement. Ma grand-mère ne me l’avait jamais précisé. J’apprends néanmoins que Clovis, son père, à la naissance de Denise, était bien divorcé d’Alia Walemme. Cette fois, il la déclare comme étant de lui, raison pour laquelle elle portera le nom de Ruchard. En marge, un alinéa important qui allait me faire avancer dans mes recherches. Il stipule que Denise a été légitimée par le mariage de ses père et mère, contacté devant le maire de Jeumont (nord de la France) le 13 octobre 1906, soit 6 mois après la naissance de Denise. J’apprends également que Marguerite, la mère de Denise, n’est pas domiciliée à Nivelles mais à Jeumont qui est un village situé à proximité de la frontière belge, à côté d’Erquelines. L’acte stipule qu’elle est née à Flaumont-Waudrechies. Il ne me restait plus qu’à me rendre à la mairie de Jeumont pour demander l’acte de mariage de Clovis et Marguerite. J’y découvrirais certainement des renseignements intéressants.

 

L’acte de mariage comprenait deux pages complètes, ce qui n’est pas courant. Je me ravissais déjà de ce que j’allais lire. J’apprends, dans un premier temps, que le père de Clovis, qui se prénommait Xavier, est décédé en 1900 à Neufvilles, près de Soignies et que sa mère, Amandine Vilain, est décédée également, en 1903 à Binche. J’apprends aussi que le grand-père paternel de Clovis, Florimond Ruchard, est encore en vie et qu’il a refusé de donner son consentement au mariage. Sa grand-mère paternelle, Amandine Falcot, est décédée à Hornu en 1904. Du côté maternel, le grand-père, Philibert Vilain, est décédé en 1890 à Boussu et sa grand-mère, Rosine Vilain, domiciliée à Wasmuel, est bien vivante mais absente au mariage. Aucun membre de la famille de Clovis n’assiste donc au mariage.

 

Cet acte m’apprend que Clovis et Alia sont divorcés suite au jugement rendu par le Tribunal de Nivelles, le 6 décembre 1904. Les parents de Marguerite Décamps (l’accent existe bien sur le E ; il disparaîtra apparemment par la suite) sont présents au mariage. Ils sont domiciliés à Rousies. L’acte stipule qu’ils reconnaissent et légitiment un enfant né à Nivelles du nom de Denise Ruchard. Curieusement, ils ne légitiment pas René qui garde donc le nom de Décamps.

 

Quelques mois plus tard, je tombai par hasard sur Amandine Ruchard sur le site Facebook. Je supposai que ce fût la fille de Ginette et Jean-Pierre qui m'avaient écrit. Je me jetai à l’eau en lui envoyant un message pour le lui demander. Ce fut bien elle. Ce hasard me permit, quelques semaines plus tard, de rencontrer l’arrière-petit-fils français de Clovis Ruchard, petit-fils du demi-frère de ma grand-mère, à Rousies, près de Maubeuge, à l’endroit même où Clovis et Marguerite s’étaient rencontrés, où Fernand Ruchard était né, où Clovis et Alia avaient vécu. Ce fut une espèce de retour aux sources. Je pensais que cette histoire avait été transmise oralement du côté des descendants de Fernand. Il n’en fut rien. Jean-Pierre Ruchard avait appris cette histoire grâce au dépôt de ma généalogie sur le site Généanet. J’espérais visionner des photos de cette époque avec Clovis, mais, malheureusement, Jean-Pierre Ruchard n’en avait aucune, si ce n’est quelques photos de son grand-père.

 

En conclusion, certaines questions resteront à tout jamais sans réponse. Clovis a-t-il abandonné son premier fils, Fernand ? S’en est-il encore occupé par la suite ? Denise a-t-elle rencontré son demi-frère qui était 8 ans plus âgé qu’elle ? C’est possible. Elle rendait souvent visite à sa grand-mère à Rousies. Fernand et ses parents habitaient tout près. Le recensement de 1906 m’apprit que les parents de Marguerite habitaient au 68 rue de la Berlandière et que les parents d’Alia, Alia elle-même et Fernand habitaient au numéro 32. Fernand est décédé avant son père, dans les années trente.

 

J’ai la conviction que ma grand-mère, Denise Ruchard, son frère et sa sœur, connaissaient la vérité mais n’en ont jamais parlé. Ce secret ne s’est pas transmis verbalement.

 

Philippe Sanspoux